Bref historique du franchisage
Par Me Luc Audet
Bref historique du franchisage
Quelques notions de base
Bien que certains croient que le franchisage soit un phénomène relativement nouveau, il n’en est rien de tel. Au contraire, le franchisage remonte au Moyen Âge, où les souverains octroyaient aux villes des privilèges, par le biais de chartes. En Angleterre, c’était un moyen de développement utilisé par le gouvernement plutôt que par des entités privées. Par exemple, la Couronne conférait aux autorités locales le droit de percevoir et de conserver les taxes en contrepartie d’une somme d’argent qu’elles devaient lui remettre.
En Amérique du Nord, c’est à la fin du 19e siècle que nous assistons à l’émergence de ce concept. Dans les années 1850, la compagnie Singer mit sur pied un réseau de distribution afin de desservir un plus grand territoire. Ce n’était pas le franchisage tel que nous le connaissons aujourd’hui, car il n’y avait pas l’aspect savoir-faire. Un peu plus tard, Coca-Cola donna des licences à des embouteilleurs locaux pour qu’ils embouteillent la boisson sous sa marque de commerce. C’est dans les années 50 qu’émergea l’idée d’intégrer le concept du savoir-faire au franchisage.
Au cours des années 80-90, l’industrie de la franchise connut une période de recrudescence. Le difficile contexte économique de l’époque faisait en sorte qu’il était difficile pour les entrepreneurs de partir leur propre entreprise, notamment en raison de difficultés d’accès au financement. Le franchisage, avec ses avantages, constituait donc une alternative attrayante. Malheureusement certains se sont pris au piège de la facilité, mais cela n’a pas empêché de populariser ce mode d’exploitation d’entreprise et de faire en sorte que les entrepreneurs soient plus avisés. De nos jours, le franchisage ne cesse de prendre de l’expansion et on assiste à l’apparition de formes de franchises moins rigoureuses.
Au fond, le franchisage est une mode d’expansion d’une entreprise à succès. Puisqu’il n’y a pas de loi sur le franchisage au Québec, il n’y a pas de définition officielle du franchisage. Je vous propose donc la mienne. Une franchise, c’est un concept à succès (1), qu’on loue (2) et donc on paye pour (3), qui est reproductible (4) et qui se protège (5).
Concept à succès
Malgré ce que prétendent certains consultants en franchisage, si un franchisé paye pour exploiter une bannière, alors elle doit être éprouvée et avoir du succès. Sinon, pourquoi payer des frais initiaux ?
Concept qu’on loue
Malgré le fait qu’en termes populaires, on parle d’acheter une franchise, au fait on loue le droit d’exploiter un concept pour une durée fixe, typiquement 5 ans ;
Location qu’on paye
Il y a deux types principaux de paiement : les droits initiaux, donc en quelque sorte un « droit d’entrée », et des redevances continues, soir en pourcentage des ventes, soit un montant mensuel fixe, pour le service continu;
Concept reproductible
L’intérêt de la franchise est la notoriété, donc le pouvoir attractif. Mais s’il est impossible de reproduire ce succès, de le multiplier, alors ce n’est pas une entreprise qui devrait être franchisée. Un exemple facile : les bureaux d’avocats. Habituellement, les clients font affaire avec un avocat en particulier. Règle générale, ce sont les individus qui font partie du cabinet qui ont le pouvoir d’attraction, pas le nom du cabinet. Cette activité est trop du « sur mesure » pour faire l’objet de franchisage ;
Concept qui se protège
Comme franchiseur, je veux le monopole d’exploitation de ma façon de faire, et comme franchisé, je ne veux pas qu’une autre personne me fasse concurrence, mais que cette dernière n’aie pas de royautés à payer.